Entretien avec Thibaut Feret, coordonnateur expertise et valorisation à l’Agence de l’Eau Adour-Garonne.
Avec le changement climatique, obtenir des données hydrologiques précises et en temps réel devient un enjeu majeur pour gérer nos cours d’eau. C’est dans ce contexte que l’Agence de l’Eau Adour-Garonne a décidé d’innover en déployant, en partenariat avec vorteX-io, un réseau de 145 stations de mesure sur son bassin versant entre 2024 et 2025.
Nous rencontrons aujourd’hui Thibaut Feret, coordonnateur expertise et valorisation à l’Agence de l’Eau Adour-Garonne, pour qu’il nous parle de ce projet.
Thibaut, pouvez-vous nous rappeler en quelques mots les missions de l’Agence de l’Eau Adour-Garonne et nous préciser quel est votre rôle au sein de ce projet ?
TF : Les agences de l’eau, dont l’Agence de l’Eau Adour-Garonne, sont des acteurs techniques et financiers, incontournables dans la mise en œuvre des politiques territoriales, nationales et européennes.
Nous sommes également de fins connaisseurs des données sur l’eau, car nous sommes responsables de la mise en place des réseaux de surveillance de la qualité des milieux aquatiques et de l’évaluation de leur état écologique, dans le cadre de la Directive-Cadre Européenne sur l’eau (DCE).
___
Quelles sont aujourd’hui les enjeux hydrologiques prioritaires du bassin Adour-Garonne et en quoi l’évolution du climat les impacte-t-il ?
TF : Le Grand Sud-Ouest a pu constater en 2022 sa vulnérabilité face à la sécheresse, et les difficultés que cela a engendrées dans les différents usages et dans le maintien des écosystèmes aquatiques.
Les dernières projections climatiques sur le bassin Adour-Garonne confirment plusieurs points :
- une diminution des débits,
- un allongement des étiages,
- une fréquence accrue des sécheresses,
- une méditerranéisation du climat,
- un élargissement de l’emprise des cours d’eau intermittents,
- une augmentation de la température moyenne.
___
Le déploiement des 145 stations vorteX-io s’est déroulé entre mai 2024 et octobre 2025. Quels étaient les objectifs initiaux de cette opération et dans quelle mesure ont-ils été atteints ?
TF : Nos objectifs étaient multiples :
- déployer un réseau à large échelle et de vérifier notre capacité à mettre en place ce réseau d’ampleur sur l’ensemble du territoire
- vérifier la fiabilité des mesures de thermie dans des contextes variés de conditions hydrauliques, de conditions climatiques et d’infrastructures de support
- étudier le potentiel de la station pour caractériser la dynamique des assèchements des cours d’eau.
___
Concrètement, que vous apporte la mesure à grande échelle et en temps réel de la température de surface de ces cours d’eau ?
TF : Il n’existe aujourd’hui pas de réseau de surveillance en continu et en temps réel de la thermie des cours d’eau, c’est donc un projet totalement novateur sur ce point-là.
Ces mesures sont notamment en capacité d’alimenter des indicateurs de suivi de la sécheresse, ce qui pourrait permettre de piloter et d’ajuster le pilotage de la politique publique de suivi de la sécheresse. Enfin, ces données permettront, à plus long terme, d’acquérir de la connaissance pour le suivi du changement climatique et améliorer l’efficacité des politiques publiques que nous mettons en place.
Il n’existe aujourd’hui pas de réseau de surveillance en continu et en temps réel de la thermie des cours d’eau, c’est donc un projet totalement novateur sur ce point-là.
Thibaut Feret, coordonnateur expertise & valorisation,
Agence de l’Eau Adour-Garonne
___
À propos de ces données, comment l’Agence de l’Eau Adour-Garonne organise-t-elle la diffusion vers ses partenaires ?
TF : En tant qu’agence de l’État, nous sommes tenus de mettre à disposition librement l’ensemble des données que nous produisons et que nous finançons.
Nous avons donc une plateforme, un système d’information sur l’eau dédié à la diffusion de l’ensemble de nos données et c’est donc sur cette plateforme que nous diffuserons l’ensemble des données que nous avons produites dans le cadre de notre projet avec vorteX-io.
___
Ce projet est le fruit de différentes collaborations. Quels sont les partenaires impliqués et quelles ont été leur contributions ?
TF : Un comité de pilotage a été constitué avec différents acteurs scientifiques et institutionnels :
- l’OFB (Office Français de la Biodiversité),
- le CNES (Centre National d’Études Spatiales),
- la DREAL de bassin Adour-Garonne (Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement – Occitanie),
- le SERTIT (Service Régional de Traitement d’Image et de Télédétection),
- l’IMFT (Institut de Mécanique des Fluides de Toulouse)
- la société Magellium.
Ces différents acteurs nous ont donné leur appui scientifique et technique et nous ont permis, avec vorteX-io, de fiabiliser la mesure au cours du projet.
Ensuite, les différents Conseils Départementaux nous ont aidé en nous donnant les autorisations administratives pour installer les dispositifs sur les ponts. Ils nous ont également conseillé dans le choix des meilleurs sites de déploiement sur le terrain.
Enfin, trois acteurs nous ont accompagné un peu plus loin en mettant à notre disposition leurs propres données, qui ont se sont avérées cruciales pour la calibration des mesures du projet :
- le Conseil Départemental de la Haute-Garonne,
- le Conseil Départemental du Gers,
- le Parc National des Cévennes.
___
Selon vous, y a-t-il des chiffres-clés à retenir pour illustrer au mieux l’impact du dispositif mis en place ?
TF : Le premier c’est le nombre de stations installées, 145 en tout, qui montre la réussite de ce projet puisque c’est ce que nous avions comme ambition initiale.
Et surtout le nombre de données de thermie produites qui s’élève à 1,25 million depuis le début du projet, contre 1000 données produites ponctuellement dans nos réseaux de surveillance classique sur la même période.
On voit donc bien la différence d’échelle entre les deux dispositifs et qui témoigne de l’efficacité du projet avec vorteX-io.
…1,25 million de données de thermie produites […] contre 1 000 données ponctuelles dans nos réseaux de surveillance classique sur la même période. On voit bien la différence d’échelle entre les deux dispositifs.
Thibaut Feret, coordonnateur expertise & valorisation,
Agence de l’Eau Adour-Garonne
___
Thibaut Feret, merci beaucoup pour cet éclairage. Chez vorteX-io, nous sommes particulièrement fiers de nous associer à cette initiative et de contribuer, aux côtés de l’Agence de l’Eau Adour-Garonne, à une meilleure connaissance et protection de nos ressources en eau.
Propos recueillis par l’équipe vorteX-io, le mercredi 5 novembre 2025.
