Dans un contexte de changement climatique accéléré, la maîtrise de la donnée hydrologique en temps réel est devenue une nécessité absolue. L’Agence de l’Eau Adour-Garonne a choisi de déployer, entre 2024 et 2025, un réseau de 145 stations connectées avec vorteX-io.
Ce projet de l’Agence de l’Eau Adour-Garonne, piloté par Thibaut Feret, marque un tournant dans la surveillance environnementale en constituant une première en France par son ampleur et sa technologie.
Un bassin face à l’urgence climatique
Le Grand Sud-Ouest a été durement éprouvé en 2022. Cet épisode a agi comme un révélateur de la vulnérabilité du territoire face à la sécheresse, mettant en lumière les difficultés croissantes pour concilier les différents usages de l’eau et le maintien des écosystèmes aquatiques.
Les projections climatiques sur le bassin confirment l’urgence d’une surveillance accrue avec plusieurs tendances lourdes identifiées par l’Agence de l’Eau Adour-Garonne (AEAG) :
- une diminution des débits
- un allongement des étiages
- une fréquence accrue des sécheresses
- une méditerranéisation du climat
- un élargissement de l’emprise des cours d’eau intermittents
- une augmentation de la température moyenne.
Face à ces bouleversements, les méthodes de surveillance historiques et ponctuelles montraient leurs limites.
Un réseau de 145 stations in situ en temps réel : une première en France
Déployé entre mai 2024 et octobre 2025, le réseau de mesure sert une ambition initiale très claire : déployer un réseau à large échelle pour caractériser finement la dynamique des assèchements et vérifier la fiabilité des mesures dans des conditions hydrauliques variées.
Ce déploiement constitue une avancée majeure au niveau national. Comme le souligne Thibaut Feret, « Il n’existe aujourd’hui pas de réseau de surveillance en continu et en temps réel de la thermie des cours d’eau, c’est donc un projet totalement novateur sur ce point-là ».
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« Il n’existe aujourd’hui pas de réseau de surveillance en continu et en temps réel de la thermie des cours d’eau, c’est donc un projet totalement novateur sur ce point-là. »
Thibaut Feret
Coordonnateur expertise et valorisation
Agence de l’Eau Adour-Garonne
La différence d’échelle est spectaculaire : là où les réseaux de surveillance classiques produisaient environ 1 000 données ponctuelles sur une période donnée, ce nouveau dispositif en a généré 1,25 million depuis son lancement. Cette densité d’information permet une granularité d’analyse inédite.
Gouvernance scientifique et territoriale : l’intelligence collective au service de la donnée
La réussite de ce projet repose également sur une collaboration scientifique et technique d’excellence. Un comité de pilotage a réuni des acteurs clés pour accompagner l’AEAG et vorteX-io, et fiabiliser la mesure et valider l’approche :
- Partenaires scientifiques et institutionnels :
- l’OFB (Office Français de la Biodiversité),
- le CNES (Centre National d’Études Spatiales),
- la DREAL de bassin Adour-Garonne (Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement – Occitanie),
- le SERTIT (Service Régional de Traitement d’Image et de Télédétection),
- l’IMFT (Institut de Mécanique des Fluides de Toulouse)
- la société Magellium.
- Acteurs territoriaux :
- Les Conseils Départementaux concernés ont contribué en fournissant les autorisations administratives pour installer les dispositifs sur les ponts et en conseillant concrètement dans le choix des meilleurs sites de déploiement sur le terrain
- Le Conseil Départemental de la Haute-Garonne et celui du Gers ainsi que le Parc National des Cévennes ont joué un rôle crucial en partageant leurs propres données, cruciales pour la calibration des stations du projet .
Des données utiles pour le suivi sécheresse et la décision publique
Pour l’AEAG, la mesure continue de la température de surface ouvre des usages immédiats mais aussi des perspectives sur le long cours. À court terme, ces données alimentent de précieux indicateurs de suivi de la sécheresse, afin d’appuyer et d’ajuster le pilotage de la politique publique sur le territoire. Sur la durée, elles renforcent l’acquisition de connaissance pour le suivi du changement climatique et l’efficacité des politiques mises en place, à l’échelle locale, nationale et européenne.
Vers un Open Data au service de l’action publique
En tant qu’agence de l’État, l’Agence de l’Eau Adour-Garonne s’inscrit dans une démarche de transparence totale. L’ensemble des données produites est diffusé librement sur le système d’information sur l’eau de l’Agence.
« En tant qu’agence de l’État, nous sommes tenus de mettre à disposition librement l’ensemble des données que nous produisons et que nous finançons. »
Thibaut Feret
Au-delà de la surveillance immédiate, ces données alimentent désormais des indicateurs précis de suivi de la sécheresse. Elles constituent un socle de connaissance indispensable pour objectiver les constats, adapter le pilotage des politiques publiques et, à terme, renforcer la résilience du territoire face au changement climatique.